Je ne m’attendais pas, ce jour-là (est-ce l’effet des JO ?), à voir cette image.
J’ai souvent mon téléphone sous la main quand je mange et je me connecte la plupart du temps à X, j’ai vu des tweets relatant les exploits des athlètes, j’ai vu Kaylia Nemour et ses larmes au moment de recevoir sa médaille d’or, quelques tweets auparavant, c’était une vidéo de Teddy Riner et ses coéquipiers en train de danser pour célébrer, eux aussi, leurs médailles en équipe, ils étaient tous très beaux, en scrollant, j’ai lu quelques commentaires, dont certains publiés par des haineux, on connaît l’histoire, et puis, il y a eu ce tweet d’Aymeric Caron, à moins que ce soit Thomas Portes, impossible de me le rappeler, l’image du souvenir de ce premier moment s’est floutée depuis, quel qu’en soit l’auteur, il s’agissait d’un retweet de l’ambassadrice de la Palestine en France, le texte de Madame l’ambassadrice est court pour tenir entièrement, avec la vidéo qui l’accompagne, sur l’écran de mon téléphone, sans avoir à scroller pour le lire ou voir la vidéo que l’application lance immédiatement, sans que j’aie à cliquer sur Play, tout arrive donc d’un seul coup, les mots en vrac : « israélienne », « bombe », « une mère », « sa fille », « brûle », et les images en même temps que les mots : une mère voilée, elle n’arrive pas à rester immobile, elle est debout devant un immeuble à la façade pulvérisée, il y a un feu à l’intérieur, dont le foyer occupe environ une cinquantaine de centimètres de diamètre et presque autant en hauteur, la mère crie et observe la scène, les colonnes de l’immeuble sont toujours debout et l’absence de façade offrent un cadre à ce qui se passe à l’intérieur et dont la mère est spectatrice, je relis encore une fois : les mots « école », « famille » apparaissent, ils n’étaient pas là à la première lecture, je reconstitue le message pour comprendre enfin la scène : une mère observe, impuissante, sa fille se consumer à l’intérieur du cadre.
Avant d’être le théâtre de cette scène, l’immeuble pulvérisé par les bombes israéliennes était une école où cette famille avait essayé de trouver refuge.