L’homophobie n’est pas un sujet de débat : c’est une urgence

Le footballeur Mostefa Mohamed refuse, une fois encore, de lutter contre l’homophobie. Il évoque ses valeurs. L’homophobie n’est pas une discussion de salon — c’est une urgence.

Le refus répété de Mostefa Mohamed : un symptôme

Pour la troisième année consécutive, Mostefa Mohamed, attaquant du FC Nantes, refuse de jouer lors de la journée internationale contre l’homophobie, la transphobie et la biphobie (IDAHOT).

En 2023, son absence a été remarquée et dénoncée.

En 2024, malgré une forte pression médiatique et sociale, il a maintenuson refus, privant son équipe de sa présence symbolique lors de cette journée clé de sensibilisation.

Cette année, sa déclaration publique sur X (anciennement Twitter) a confirmé son positionnement : « Je ne jouerai pas cette journée, ce n’est pas ma cause » (L’Humanité, 2025).


Ce refus à répétition incarne un aveuglement, un déni face à l’urgence des crimes homophobes.


L’homophobie détruit des vies — et tue

L’homophobie n’est pas un débat, un sujet de tolérance, de conviction ou de valeurs, ça fracasse des existences, c’est une violence insidieuse qui tue. En 2023, les actes homophobes ont augmenté de 13 %, totalisant 4 560 infractions recensées par le Ministère de l’Intérieur (Ministère de l’Intérieur, 2023).

Derrière ces statistiques, il y a des cris, des visages, et des douleurs insoutenables.

Théo, 19 ans, victime d’une agression homophobe à Lille, raconte : « Ils m’ont traité de ‘pédé’ comme si c’était un crime. Ce n’était pas juste une agression physique, c’était une tentative de me faire taire, de me faire disparaître » (SOS Homophobie, 2023).

Léa, jeune femme trans, a vécu un harcèlement scolaire si intense qu’elle en a frôlé le suicide : « Chaque jour, j’étais traitée comme une cible. Le harcèlement m’a presque coûté la vie » (France Info, 2024).

Jamie, 16 ans, a été victime de moqueries et d’isolement avant de mettre fin à ses jours. Son suicide a marqué l’opinion en 2022, mettant en lumière l’ampleur du rejet que subissent les jeunes LGBT+ (Le Parisien, 2022). Une enquête de l’INPES confirme que les jeunes LGBT+ ont jusqu’à quatre fois plus de risques de tentative de suicide que leurs pairs hétérosexuels (INPES).

Enfin, la mort tragique de Nahel en 2019, dont la famille a dénoncé le climat homophobe ambiant, a été l’électrochoc qui a révélé la gravité de la situation (Le Parisien, 2019). Ces histoires ne sont pas des cas isolés. Elles forment un chœur silencieux d’agonie.

Refuser de regarder cette vérité en face, c’est tourner le dos à toutes ces vies brisées.


L’homophobie en Égypte : un climat de terreur et de persécution

Le refus de Mostefa Mohamed, joueur d’origine égyptienne, ne peut être dissocié du contexte de répression et d’homophobie endémique qui sévit dans son pays.

En Egypte, être LGBT+ est non seulement un tabou, mais un délit lourdement puni. Selon Amnesty International, les autorités égyptiennes utilisent régulièrement des accusations vagues, comme « débauche » ou « atteinte aux bonnes mœurs », pour arrêter et persécuter arbitrairement des personnes LGBT+ (Amnesty International, 2023).

Le climat de peur est tel que de nombreux jeunes LGBT+ égyptiens vivent cachés, soumis à la menace constante d’arrestation, de torture ou de violence extrême. En 2022, Human Rights Watch a documenté plusieurs cas d’arrestations massives dans des raids nocturnes, ciblant notamment les personnes fréquentant des lieux considérés comme « suspects » (Human Rights Watch, 2022).

L’histoire de Sarah Hegazi, militante lesbienne emprisonnée en 2017 pour avoir brandi un drapeau arc-en-ciel lors d’un concert, est emblématique. Après sa libération, persécutée et exilée au Canada, elle s’est suicidée en 2020, victime d’un traumatisme profond lié à la répression homophobe dans son pays natal (BBC News, 2020).

Ce contexte oppressant éclaire d’un jour sombre le silence ou le refus du joueur nantais à s’engager publiquement contre l’homophobie.

Le silence face à cette oppression est une complicité qui nourrit la peur, la honte, et l’exclusion.


Lutter contre l’homophobie n’est pas militer pour l’homosexualité, c’est défendre la dignité et l’égalité

Une confusion malsaine circule : lutter contre l’homophobie ne signifie pas militer pour l’homosexualité.

C’est un combat contre la haine, la discrimination, et la violence qui déciment des vies. Dire « non » à ce combat, comme le fait Mostefa Mohamed, c’est refuser de reconnaître les personnes LGBT+ comme faisant partie de l’humanité. C’est choisir un silence complice, l’abstention coupable face à la haine, l’injustice et le crime.

La lutte contre l’homophobie, c’est garantir à chacun la liberté d’être soi, sans peur. Refuser cette lutte, c’est alimenter un climat où les insultes, les agressions et les exclusions seraient admises.

Le silence, le refus de s’engager publiquement, ne sont pas de simples choix individuels : ils participent à perpétuer un système de violence sociale.

Il est urgent de comprendre que ne pas lutter, c’est être complice.

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