Non, on ne s’en fout pas !

Lucie Castet vient de faire son coming-out.

Dans la foulée, Robert Namias déclare sur X : « Dire son homosexualité (dont tout le monde se fout) pour mieux se victimiser au cas où elle ne serait pas première ministre. »

Tou·te·s les homosexuel·le·s le savent : le coming-out est la dernière étape d’un véritable chemin de croix.

Celles et ceux qui y arrivent auront déployé ruse, courage, subterfuges, stratagèmes, parfois mensonges, tromperies, travestissements. Certain·e·s font appel à des ami·e·s, des témoins, d’autres homosexuel·le·s, pour faire tomber les dernières barrières et se libérer enfin d’un poids parfois porté pendant de longues années.

La société n’ignore pas non plus ce processus, puisque les témoignages ne manquent pas et vont, unanimement, dans ce sens. Alors pourquoi, au moment de la dernière ligne, du dernier obstacle, au moment où les mots, tant attendus, arrivent à percer le mur du silence, s’entendre dire qu’on s’en fout ? Pourquoi feindre de s’en foutre alors que les journaux rapportent régulièrement des crimes homophobes et des oppositions d’une partie de la société dès que des droits lgbt sont revendiqués ?

Au moment de publier mon premier livre, Ma mère et moi, alors que j’avais mis environ une quinzaine d’années à rassembler mes forces et mes esprits pour accepter mon homosexualité et avoir le courage de le dire enfin, j’ai été surpris de recevoir un message similaire à celui que Robert Namias publie au sujet du coming-out de Lucie Castet : « Ton homosexualité est privée, pourquoi le dire publiquement ? On s’en fout, ça n’intéresse que toi. »

J’aurais donc fait tout cela pour quelque chose dont tout le monde se fout ? L’opposition entre le sentiment de libération et l’accueil à l’arrivée est vertigineuse.

La vérité est que personne ne s’en fout. L’appréhension et la peur des homosexuel·le·s avant de faire leur coming-out sont vraies. Elles ne viennent pas de nulle part. La vérité est que derrière le on s’en fout, il y a moins l’expression d’une indifférence qu’une invitation à rester au placard : je te dis qu’on s’en fout, tu n’as donc pas besoin de faire ton coming-out, reste au placard et tout ira bien.

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